Ne me laisse pas ici... [PV Sora] [clos]

Roulée en boule dans ma cage, je continuais à dormir, malgré la douce caresse du soleil levant sur mon dos. Personne ne viendra me chercher de toute façon, alors à quoi bon faire l'effort de me réveiller. Mes cheveux rouges étaient étalés au sol, et ma queue d'hybride dépassait des barreaux de la cage.

La vendeuse tapota sur les barreaux, j'ouvris un oeil. Heure de la douche. Avec un soupir, je daignais me relever et suivre la marchande. Douche commune, évidement. Je lavais soigneusement chaque partie de mon corps, puis ma longue chevelure rouge. Je me séchais bien et me rhabillais pour retourner en cage.

Je m'asseyais et m'appuyais contre les barreaux, laissant à nouveau ma queue hybride dépasser de la cage. Je regardais les maîtres entrer dans l'animalerie, puis ressortir, avec ou sans hybride. Mais j'étais la plus ancienne parmi eux, étant située au fond de la boutique, personne ne venait me voir.

"On dirait que je vais rester encore longtemps ici..."

Je regardais le plafond de l'animalerie, repensant à ma mère, à mes frères et soeurs et à mes neveux et nièces. Leurs fourrures rousses, si douces... Nos jeux, quand on se mordait et se griffait, quand on allait chasser, mulotant ensemble. Je me remémorais tout... puis ma rencontre avec ce Ronin, qui m'avait prise sous son aile, m'apprenant le langage des humains, à le lire et à l'écrire. Je ne connaissais rien de ce monde. Je tripotai l'épingle que m'avait offert ce Ronin, elle était magnifique.

La vendeuse vînt ouvrir ma cage.

"Tu as été achetée, sors de là."

Je fronçais les sourcils et sortis de la cage. Achetée ? Moi ? Elle m'accompagna jusqu'à un homme plutôt grand avec des cheveux sombres, des percings et des bijoux. Je penchais la tête sur le côté, l'analysant. Nous sortîmes de la boutique, je le suivais, continuant de l'observer. Il était différant de mon Ronin, mais il me le rappelait dans sa démarche.

Il était plutôt silencieux. Pourquoi m'avait-il achetée ?

"Je m’appelle Sora et toi ? C’est quoi ton nom ?"

Je sursautais un peu face au ton employé. Je grinçais des dents, un peu, pendant que ma queue d'hybride fouettait l'air, montrant mon mécontentement. Aussi, je lui répondais sur le même ton. Oeil pour oeil, dent pour dent !

"Je m'appelle Niji. Enchantée."

Pendant que je trottinais à ses côtés, le silence s'installa à nouveau entre nous.

"Humm… ça te dirait de faire quelques magasins ? T’acheter de nouveaux vêtements ?"

Je le regardais, surprise. Un mèche rousse vînt s'installer entre mes deux yeux écarquillés.

"Et bien... pourquoi pas... je vous suis, je n'y connais pas grand chose... pour ne pas dire rien..."

Je me massais la nuque, nerveusement.

Le monde des humains... je n'y connaissais vraiment rien. A part qu'ici les hybrides sont les esclaves des humains. Je connais aussi leur langue et leur écriture, grâce à Ronin. Mon coeur se réchauffa un peu en pensant à lui. J'espèrais que ma famille et lui allaient bien... là où ils étaient. Au moins, ils étaient en paix, cela me rassurait. Je serrais l'épingle à cheveux dans ma main tout en suivant mon... que devais-je dire ? Propriétaire ? Maitre ? Protecteur ? Je n'en savais rien... Je le vis sourire. Je ne demandais pas pourquoi, ce n'étaient pas vraiment mes affaires après tout.

« Niji … c’est très jolie. »

Je le regardais pendant un temps. Il était le deuxième à me dire ça. Et son ton était plus doux.

"Il paraît que ça veut dire "Arc en ciel"..."

Et voilà que ma timidité faisait surface, je commençais déjà à rougir légèrement. Je détournais le regard pour regarder autour de moi. Ce monde n'était pas le même que celui dans lequel je vivais autrefois avec les renards, et ce n'était pas non plus celui de Ronin. C'était si différent, et si inquiètant... Les humains me faisaient un peu peur. Faire les boutiques, je ne savais pas non plus ce que c'était. Je m'arrêtais en voyant la foule, prenant un peu peur. Je sentis une main dans mon dos, m'empêchant de reculer... Je sentis aussi mon... maitre ? Se rapprocher. J'eus un petit frisson pendant qu'il me disait d'un ton plutôt rassurant :

« Tu n’as pas besoin d’avoir peur je suis là, avec moi tu ne crains absolument rien. »

Je le regardais à nouveau, puis me détendais un peu, hochant la tête pour lui signifier que j'avais confiance... même si ce n'était pas complètement le cas. Je le connaissais à peine après tout. Je marchais donc à ses côtés, toujours un peu mal à l'aise. Nous nous arrêtâmes devant une boutique, dans laquelle mon maître me fit entrer avant de se pencher vers moi pour me chuchoter :

« Tu as le droit de choisir ce qui te plait. »

J'écarquillais les yeux, et tentais de reculer à nouveau, impressionnée par la boutique. Mais la vendeuse ne me laissa pas l'option de la fuite, m'attrapant pour commencer à me mettre toute sortes de tenues qui d'après elle m'iraient à ravir. Je voulais bien la croire, mais sachant que je n'avais jamais le temps de voir la tenue en question, il était difficile pour moi d'en juger. Elle m'entraina ensuite dans une cabine d'essayage. Là, je pu enfin faire un tri dans tout ce qu'elle m'avait mis dans les bras, et croyez moi, ça en avait besoin. Mais à peine avais-je fais un premier tri que la vendeuse parti direction mon maître pour lui présenter les tenues que j'avais "choisies".Je me rhabillais en vitesse pour revenir vers lui et dissiper le malentendu, mais on dirait qu'il avait sélectionné pour moi. Je regardais les tenue retenues et souris. Elles étaient jolies.

Je le laissais payer, puis nous sortîmes (enfin) de la boutique de vêtements. Je ne pus retenir un soupir de soulagement.

Merci... pour les tenues...

Je continuais de regarder tout autour de nous et eu un grand sourire en voyant un jeu de tir à l'arc. Instinctivement, comme je faisais autrefois avec Ronin pour l'emmener là où je voulais, j'attrapais la main de mon maître pour aller vers le stand. Règles simples : on visait un lot et si on atteignait la cible, on le gagnait. Le premier tir gratuit, après, c'était payant si on voulait réessayer. A savoir que les cibles étaient mouvantes. Je souris et demandait à essayer.

Frêle comme vous êtes ? Vous n'y arriverez jamais !

L'homme rit un peu de moi, pendant que je gardais mon air assuré, ma queue hybride fouettant l'air à nouveau.

Tant que je n'ai pas essayé, je ne peux rien prévoir !

L'homme arrêta de rire, mais on voyait bien qu'il s'attendait à ma défaite en me tendant l'arc et la flèche. M'attachant les cheveux avec l'épingle de Ronin, afin qu'ils ne me gênent pas, je bandais l'arme et visais. Ma position était celle que m'avait apprise Ronin autrefois, et vu la tête du marchand, je suppose qu'elle était très bien.

Je visais la cible au dessus d'une veste en cuir. Je pense que mon maître l'aimera. Je souris en voyant que l'arc était fait de façon à ce que l'on atteigne pas la cible si on visait bien. J'écartais donc légèrement mon angle de tir, puis, au bout de quelques minutes, je lâchais la corde tendue. La flèche vînt se loger au centre de la cible. L'homme grogna un peu, mais il devait respecter les règles de son jeu. Je lui rendis l'arme et prit la veste pour l'approter à mon maître.

Ce n'est pas grand chose... mais c'est pour vous remercier...

Je baissais les yeux.

Voulez vous faire autre chose ? Et, comment dois-je vous appeler ?

Les renards et les humains étaient bien différents… Là où les canidés considéraient chaque vie comme égale à la leur, les humains eux se pensaient supérieurs aux autres, c’est ce que j’avais pu voir au centre de dressage. Mais lui semblait différent, il me souriait. Je répondis à ce sourire magnifique, non sans rougir malgré moi… ne sachant pas vraiment pourquoi. Je continuais de marcher à ses côtés, gentiment.

« Eh bien, nos prénoms vont de pairs dans ce cas, « Sora » signifie ciel. »

Je le regardais, rosissant encore un peu. Je relevais le col de mon kimono, cachant un peu le bas de mon visage.

« On dirait que nous étions faits pour nous rencontrer… »

Je rougis encore un peu à mes paroles… pourquoi ? Je n’avais rien dis de spécial, seulement ce que je pensais. Mais le hasard faisait bien les choses, ses parents avaient bien choisit son nom. Il était beau comme le ciel. Mon cœur se serra un peu. Je ne savais pas pourquoi mes parents m’avaient appelée Niji. Ne les ayant jamais connus, ne sachant même pas à quoi ils ressemblent, je ne pouvais pas demander.

Je me sentais mal par rapport aux tenues… Même moi qui n’y connaissais rien au monde des humains, je me doutais bien que c’était cher. Raison pour laquelle j’avais voulu aller vers ce stand… bon d’accord, c’était aussi pour m’amuser. Autrefois, Ronin me faisait tirer à l’arc sur des feuilles tombantes en automne, sur des animaux pour manger lors des autres saisons. Je n’aimais pas prendre de vies, mais quand on a rien à manger, il faut bien trouver autrefois. Avec Mama ou Ronin c’était pareil. Pour le coup, renards et humains étaient pareils. Mais tirer à l’arc était devenu un loisir pour moi, juste le fait de viser un arbre au loin était agréable. Je tendais le prix obtenu à mon… maitre. Il le prit délicatement.

« Merci … il ne fallait pas … tu pouvais prendre un prix qui te plaisait … en tout cas ça me touche. »

Il passa une main dans ses cheveux, le sourire aux lèvres, pendant que je rougissais un peu.

Heureuse de vous faire plaisir…

Je détournais le regard, un peu gênée.

« Tu peux m’appeler Sora. Hum on peut rentrer ou alors tu aimerais peut être que je te montre le parc ? On pourrait discuter comme ça. »

Je hoche vivement la tête.

Je veux bien me promener… et vous pouvez aussi m’appeler Niji.

Je souris, encore.

J’aimais beaucoup son sourire. Peut être léger, mais beau quand même. Je le lui rendais avec grand plaisir. Il m’avait sorti de ma cage dans laquelle je croyais du noir, espérant sortir le plus vite possible. Je le suivais, jusqu’à un parc. Je regardais tout autour de moi, les gens qui y étaient, les animaux, les arbres, les fleurs… tout. Je reportais ensuite mon attention sur Sora. Je ne comprenais pas l’expression qui animait son visage. Je n’eus pas le temps de lui demander ce qu’il lui arrivait, il me devançait en paroles.

« Alors tu … tu viens d’où exactement ? Tu pourrais me parler un peu de toi ? »

Je gardais mon regard sur lui. Cherchait-il à ne pas m’inquiéter en changeant de sujet ? Bon, tant pis. S’il ne voulait pas se confier, c’était son problème. Je le suivais toujours, cherchant par où commencer… ce n’était pas comme si je parlais de ça tous les jours. Par où commencer ? Ma vie n’était pas intéressante… devais-je feindre de ne pas avoir entendu sa question ? Non, ce ne serait pas gentil. Je continuais de réfléchir en le suivant… Jusqu’à un banc libre, près d’un lac. C’était magnifique. J’admirai le paysage, cherchant encore quoi dire. Je sursautais un peu en sentant une de mes mèches se faire attraper. Je le regardais à nouveau.

« C’est ta couleur naturelle ? Ou tu les teins ?»

J’affichais une mine vexée.

« C’est ma couleur naturelle. »

Mon ton était froid et sec, pour bien montrer que j’étais un peu vexée par sa question. Aussitôt après, je reprenais la parole, mon ton radoucit.

« Je n’ai jamais connu mes parents, je ne sais donc pas d’où je viens exactement. Pendant six ans, j’ai été recueillie et élevée par une renarde. Et puis, j’ai rencontré un Ronin, qui a repris mon éducation, d’un point de vue humain. Nous avons été capturés peu après. On m’a dit qu’il était mort. »

Résumé rapide de ma vie ennuyeuse, c’est bon. Finalement, l’improvisation, c’est pas mal non plus.

J’avais peut être été un peu froide et sèche avec lui. Je m’en voulu. Je baissais la tête.

Désolée, je ne voulais pas être méchante…

Je n’avais aucune justification en tête, alors je gardais la tête baissée. Finalement, je finis par relever timidement la tête pour le voir sortir un paquet de cigarettes. Je me mordis la lèvre, m’intimant de ne pas réagir. Malheureusement, ce fut plus fort que moi.

Il parait que c’est mauvais pour la santé. C’est complètement inutile de se détruire la santé simplement pour essayer d’être quelqu’un d’autre.

Je rougis et rebaissa la tête, un peu honteuse. Je ne pouvais pas m’empêcher de dire ce que je pensais… J’étais franche, voilà tout. Mais en même temps, je ne savais pas pourquoi j’avais dit ça.

« Je suis désolé de te rappeler de mauvais souvenirs, je peux comprend ce que tu as pu ressentir, du moins en partie, alors … je te comprends. »

J’eus un sourire vague en relevant la tête.

Dans ces souvenirs, il y en a aussi des bons, et ce sont ceux-là que je préfère garder, éloignant ainsi les mauvais.

Je le regardais écraser sa cigarette.

« Je suppose que ce Ronin ne t’as pas tout appris ? Je pourrais au moins reprendre la relève. »

Je le fixais un temps, penchant la tête sur le côté.

Il m’a appris ce qu’il faut savoir : lire, écrire, dessiner, chasser avec un arc, le combat à l’épée, faire un feu de camp, où dormir pour ne pas se faire attaquer par un quelconque prédateur, faire des collets et d’autres choses utiles.

Le strict nécessaire en fait. Et puis, je savais déjà muloter, alors à partir de là, j’étais sûre de ne pas mourir de faim.

« Ne t’en fais pas, j’ai l’habitude, tu n’as pas à t’excuser. »

Je secouais la tête pour montrer que je n’étais pas d’accord, mais ne dis rien, honteuse d’avoir été impolie, voire même peut être méchante dans mes propos. Et puis, il ne pouvait pas dire que c’était une habitude… enfin...

Eh bien c’est une mauvaise habitude.

Je baissais à nouveau la tête… ma franchise me faisait vraiment défaut, je me devais de la maîtriser un minimum. Je relevais timidement la tête, juste le temps de croiser son regard et de voir son sourire, auquel je ne pus m’empêcher de répondre.

« Ça l’est, mais crois moi je ne fume pas pour être quelqu’un d’autre. C’est une partie de moi malheureusement et crois moi, ça m’apaise. »

Je fermais les yeux, souriant d’un air résigné tout en secouant la tête.

Un point sur lequel on ne sera jamais d’accord.

Son sourire, aussi simple soit-il me plaisait. Je ne savais pas quoi dire… c’est plus facile de communiquer avec les animaux.

« Oh, c’est déjà bien, tu pourras peut être m’apprendre des choses que je ne connais pas. En tout cas, pour ma part, j’essaierais de te faire découvrir des choses et puis de t’apprendre tout ce que je sais. »

Je souris encore en fermant les yeux et en penchant la tête sur le côté.

Je pourrai vous apprendre à muloter.

Cela faisait longtemps, que je n’avais pas fait ça, muloter. Je n’avais pas appris ça de Ronin, mais des renards. Avec ma taille, cela était plus difficile pour moi, mais je parvenais toujours à attraper mes proies, à la grande fierté de ma famille rouquine.

J’observais Sora, mon nouveau maitre… à chaque fois que je parlais il souriait… aimait-il m’entendre parlait ou cela l’amusait-il ? Je ne saurais le dire, et je m’en fiche complément. Ce n’est pas cela qui m’empêchera de parler. Je n’avais pas peur que l’on me batte. Et puis, de toute façon, je voyais mal Sora frapper quelqu’un. Pourquoi, je ne saurai le dire.

Il m’adressa un nouveau sourire, me faisant rougit légèrement à nouveau. J’allais finir par avoir la couleur de mes cheveux.

« Oui, pourquoi pas. »

Je lui souris à mon tour. Je ne savais pas si les humains étaient aussi à l’aise que les renards pour muloter. Peut être, nous verrons bien. Je le vis mettre sa main dans sa poche, semblant chercher quelque chose. Une autre cigarette ? Je m’apprêtais à lui faire la réflexion, lui dire qu’il ne fallait pas… avant qu’il ne me tende un paquet. Je regardais l’objet, puis Sora, d’un air étonné, montrant aussi mon incompréhension.

« Tiens, c’est pour toi. J’espère qu’il te plaira. »

Qu’est ce qui me plaira ? Je pris doucement le paquet et l’ouvrir délicatement, regardant à l’intérieur. J’en sortis un collier magnifique. Je ne savais pas quel était le matériau utilisé, mais il me plaisait beaucoup. Je lui souris.

Il est magnifique.

Je lui tournais le dos, lui tendant le collier.

Tu peux me l’attacher s’il te plait ?

Je rougissais encore alors qu’il me contemplait. Je l’observais aussi, discrètement, chacun de ses traits. C’était un bel homme, oui, mais pouvais-je lui faire confiance ? Peu importe, je n’avais pas vraiment mon mot à dire là-dessus. Aussi me contentais-je de l’admirer, de rosir légèrement et de lui sourire gentiment.

J’observais aussi le bijou, qui était magnifique. Je ne pense pas que tous les maîtres offrent ce genre de chose à leurs hybrides. Sora devait être une exception. Je me tournais alors pour qu’il puisse attacher le collier autour de ma nuque nue. D’un ton doux, il me répondit.

« Bien sûr. »

Prenant le bijou avec douceur, il passa gentiment ses mains de chaque côté de ma nuque, effleurant ma peau de ses doigts, me faisant frémir et rosir légèrement. Le collier retomba sur ma peau, alors que je me retournais, replaçant ma chevelure rousse, lui souriant, attendant une réaction de sa part. Je le vis me contempler à nouveau, et voilà que je rosissais encore. Il me sourit à nouveau, sourire auquel je répondis.

« Il te va vraiment à ravir. »
Merci...

Je baissais légèrement les yeux, me massant la nuque, légèrement gênée. Ca me faisait plaisir comme compliment… mais je ne savais pas pourquoi, cela m’embarrassait aussi. Il se leva, pour aller chez lui. Souriant, je le suivais vers cette nouvelle vie qui m’attendait, espérant qu’elle soit plaisante et agréable pour nous deux.